Quartiers libres

Squatt : « Il est de plus en plus difficile pour les jeunes de trouver un appartement à la Croix-Rousse. Les immigrés sont entassés dans des garnis dont on déclarera, au moment voulu, l’insalubrité. (…) Toutes ces manœuvres impliquent la déportation des couches sociales les plus défavorisées dans les parcs à bestiaux des banlieues industrialisées : main d’œuvre bon marché et sur place pour le patronat ; la création de ghettos et l’incommunicabilité qui en découle (ZUP, ZAC, Isle d’Abeau) ; de gros profits pour les promoteurs et autres banquiers. Nous voulons vivre à la Croix-Rousse et lui conserver son caractère populaire, culturel, qui favorise les rencontres, les brassages de tous les mouvements en réaction à l’ordre établi, qu’avantage les expériences, recherches d’une autre forme de vie. Malgré les déclarations alléchantes de Francis(que) Collomb, maire de Lyon (Vivre à Lyon, n°10, octobre 1977) : « À notre niveau, le devoir essentiel c’est de pourvoir aux équipements nécessaires, c’est de veiller à la juste application des mesures prises en faveur des plus déshérités et le faire avec amour et générosité ». Il reste néanmoins que l’habitat, donc la vie, dans ces quartiers encore un peu humains nous est d’ores et déjà interdit (nous : vieillards, immigrés, marginaux…). Ce refus du droit à l’habitat légitime le squatt, moyen d’action qui a pour but de dénoncer et d’empêcher les conséquences de cette restructuration de la Croix-Rousse. (…) Nous demandons l’arrêt immédiat de toutes les restaurations et rénovations tant que la population ne pourra s’exprimer par rapport aux projets imposés et n’aura pas la possibilité de décider vraiment de ses besoins. On peut parler de concertation bison, piège à cons, lorsqu’on voit la municipalité parler d’enquête d’utilité publique (…) à propos du P.O.S. (Plan d’occupation des sols) que les autorités volontairement incompétentes matérialisent déjà irrémédiablement. Il est de réagir rapidement et de développer cette forme de lutte qu’est le squatt. » – Les Joyeux Squatters 

1ère année de publication : 1994

Contact : Collectif « Quartiers libres » – D. Crouzet (sous réserve)

Consultation : CEDRATS – La Gryffe