« Le chanteur Jean Ferrat, l’écrivain Gilles Perrault, l’animateur radio Jean-Louis Foulquier, le prêtre éducateur Guy Gilbert, le sociologue Pierre Vidal-Naquet, la comédienne Zabou, et le comédien chanteur Font… Voici quelques unes des signatures recueillies grâce à l’envoi du dossier « Pourquoi sont-ils retournés à la case prison ? »
Font se dit même prêt à faire un gala au profit de « Prière de réinsérer » ! Une idée qu’un petit groupe s’est proposé de creuser.
Quant à notre action auprès du grand public, elle porte peu à peu ses fruits. Sur la passerelle du Palais de Justice de Lyon, où nous proclamons silencieusement, le 20 de chaque mois, notre ténacité, de nombreux passants arrêtent de passer.
Ils écoutent, discutent et parfois signent. Aujourd’hui, l’appel a ainsi été largement paraphé.
Par ailleurs, une lettre à François Mitterrand part chaque jour depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, environ 70 courriers ont été postés. La plupart reçoivent une réponse de la présidence. Une réponse parfois lapidaire, mais qui prouve toujours que le dossier de Louis et Nad est étudié sérieusement, comme nous l’ont confirmé leurs avocats récemment (…). Notre plume ne doit pas faiblir. De leur côté, Louis et Nad continuent à travailler pour leur avenir, l’un en écrivant, l’autre en dessinant, tous deux en étudiant. Et ce, malgré des conditions de détention pas toujours propices. (…)
Cependant, face à ces premiers résultats positifs, le doute n’est pas de mise. Non seulement nous assurons une « veille » psychologique, en sensibilisant une part de population à la réinsertion, mais notre ténacité est aussi la preuve de notre foi dans ce que nous proclamons.
VIGILANCE – Lettres par dessus les murs : « Au lendemain du verdict du 20 mai dernier, Louis Perego, auteur de « Retour à la case prison » et Jean-Yves Loude auteur de « Dialogue en noir et blanc », décident de s’écrire « pour entrer en vigilance » (…) Nous en publions quelques extraits…
Cher Jean-Yves (7 août 1992) : « …Voilà donc notre univers pour les mois à venir. Quatre murs lépreux, tapissés de pages de magazines ceignant un espace d’environ huit mètres carrés. Face à la porte, une fenêtre, hachurée par une double rangée de barreaux et de grillage, dispense une clarté obscure. Sur la droite, trois lits superposés dressent leur carcasse contre un mur couvert de formules et de signes ésotériques. Des têtes de mort, des croix inversées et des inscriptions lapidaires dont l’une affirme que son auteur est né sous le signe du démon, et que sa mort est d’ores et déjà promise aux feux de l’enfer. Deux châlits sont pourvus de matelas en mousse, lacérée par endroits. Le troisième exhibe son treillage rouillé.
Un mouvement furtif nous a fait tourner la tête vers le mur opposé. Fuite d’un cafard qui s’empresse sous une écaille de peinture. De ses antennes vibrantes, il semble sonder nos intentions. Plus bas, un lavabo s’incline tristement en tirant sur le galandage fissuré. À côté, une cuvette de WC siège dans un angle. L’eau dégouline de la chasse d’eau, le long d’un chiffon, goutte sur un récipient en plastique largement repu. Au pied du sanitaire ébréché, une flaque prend ses aises. Ça et là, quelques hardes témoignent d’une présence désertée.