Hétéroclite

Hétéroclite : mensuel gratuit gay mais pas que…

n°0 Février 2006 « JE N’ACCEPTE PAS QU’ON ME TOLERE… CELA BLESSE MON AMOUR  DE L’AMOUR ET DE LA LIBERTE » Jean Cocteau, Le Livre blanc

Nous non plus n’accepterons pas l’aumône de la tolérance, cette aumône délivrée pour gagner sinon la paradis au moins la tranquillité. Notre société fustige le communautarisme sans comprendre qu’en faisant acte de tolérance, elle exclut. Un objet toléré est toujours condamné à la marge.

Tolérance = ségrégation. C’est pourquoi Hétéroclite veut investir le centre, pour y partager avec tous une expérience singulière : celle de la différence sexuelle. Celle-là, comme tout autre, doit être l’occasion d’une rencontre. Les identités spécifiques ne menacent pas le lien social mais le rendent possible ; dès lors que ce lien existe, l’idée de tolérance devient caduque. S’intéresser aux indentités sexuelles minoritaires, c’est questionner le rapport qu’entretient notre société au corps, à l’institution, à la norme. Echanger avec tous quelques avis sur ces problématiques plutôt que radoter sur des fantasmes et ragoter sur les stars du ghetto…

Voilà peut-être notre projet. Alors pour investir le centre, nous faisons le choix d’un journal local, gratuit et distribué en libre service.  Pour ce premier numéro, nous avons choisi de poser la question du militantisme gay, à travers le cas exemplaire d’Act Up. La récente campagne très polémique que l’association a menée contre Nicolas Sarkozy pointe une fois de plus les liens et  tensions qui structurent le rapports entre identité sexuelle et identité politique. Le militantisme gay est-il toujours de gauche, à défaut de ne plus être révolutionnaire ? Est-il toujours pertinent ?l’existence d’une « parole homosexuelle » ne paraît pas insensée si l’on considère les récentes prises de position de nombreux représentants politiques sur la défense du modèle familial ; voir à ce propos l’entente parlementaire contre  l’homosexualité et le collectif des maires contre le mariage homosexuel. Contre… nos élus semblent ne l’être plus que pour préserver un ordre social anachronique.

Le théâtre est peut être l’un des derniers lieux où l’on prend le risque de miner les modèles existants pour en proposer d’autres : Copi, dans La Tour de la Défense comme dans toute son oeuvre,sabordait convenances et évidences pour dé(b)rider les esprits. Le dramaturge argentin est mort du sida ; ce fléau lui aussi blesse notre amour de l’amour et de la liberté. Ne pas baisser la garde, combattre, en parler. Pour la journée mondiale de lutte contre lesida, mais tous les autres jours aussi. » Renan Benyamina

1ère année de publication :2006

Contact : Renan Benyamina

Editeur : Hétéroclite, Lyon 9 rue du Garet, 69001

Consultation : BM Lyon – Fonds Chomarat