Enragez-Vous !

Posté: novembre 16th, 2011 | Auteur: | classé dans: Antimilitarisme - Non-violence | Mots-clés: | Commentaires fermés sur Enragez-Vous !

« Une armée, une police, une justice, un État, au nom de quoi ? Au nom de qui ? De quel droit ? Leur armée, leur justice, leur police, leur État, tout cela ne nous concerne pas. Nous ne reconnaissons à personne le droit de disposer de notre vie et de notre liberté, même partiellement. Nous nions à des militaires le droit de nous obliger à donner un an de notre vie en vertu de notions qui nous sont totalement étrangères. Nous nions à des policiers (dont l’intégrité pourrait encore être remise en cause) le droit de nous arrêter, de nous brutaliser et de nous incarcérer arbitrairement. Nous nions enfin le droit à des magistrats de nous juger, et qui plus est, de nous condamner. Nous refusons, avec tout ce que cela implique de détermination et de violence leur « égalité ». À la place de leur « légalité », nous avons choisi notre illégalité. Nous sommes les hors-la-loi de leur société pourrie. »

Samedi 25 Novembre 1972 – 17h : « Nous sommes à monter à l’aide d’une échelle sur la plateforme EDF-GDF, place de la République. Après avoir déployé deux banderoles « Non à l’armée, insoumission collective » et « L’armée, chien de garde du système », nous lisons la lettre collective proclamant notre intention de nous insoumettre ainsi que différents textes. Une cinquantaine de camarades distribuent sur les trottoirs le tract : « Nous ne nous soumettrons pas ». Plusieurs fourgons de police arrivent une demi-heure plus tard sur les lieux. Ils commencent par tenter de disperser la foule qui s’est amassée sur les trottoirs et interpelle sans aucun ménagement une vingtaine de manifestants ainsi que des passants. Une heure et demie plus tard, après trois sommations, le commissaire fait appel à un service de dépannage qui ouvre les portes de l’appartement dont les fenêtres donnent sur la plateforme. C’est alors qu’une dizaine de policiers, après nous avoir frappé dans le ventre pour nous faire lâcher prise, nous empoignent un par un par la tête, les cheveux, les bras et les jambes, et nous traînent ainsi pendant une dizaine de mètres sur la plateforme jusqu’à une fenêtre par laquelle ils nous jettent à l’intérieur. Là encore, dans l’obscurité d ‘un couloir, nous sommes frappés à coups de poings, de pieds et de matraques. Nous roulons plus que nous descendons l’escalier de l’immeuble, et nous sommes jetés dans un car. Des membres du Garm, qui n’avaient pas encore été embarqués, se jettent devant les cars de police et se couchent par terre. La foule hostile à la brutalité bestiale des forces de l’ordre, entoure les fourgons de très près. L’un d’entre nous, plus sévèrement touché, saigne abondamment de la tête. Arrivé au commissariat, alors que notre camarade, que nous avions étendu sur une table se trouve dans un état de plus en plus alarmant et demande à être emmené d’urgence à l’hôpital, on le fait encore attendre une bonne heure pour le transporter au pavillon d’urgence d’Edouard Herriot, atteint d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance. Les brutalités policières ne sont que l’expression de la crainte du système face au mouvement antimilitariste, et ne nous empêcheront pas de continuer de plus en plus nombreux la lutte.

À la suite de cette intervention, le camarade blessé porte plainte contre X pour coups et blessures volontaires. Évidemment, cette affaire se terminera par un non-lieu prononcé courant novembre 73. par contre six inculpations suivaient pour injures publiques envers l’action publique de la police et de l’armée. Un an après, les six membres du G.I.T. vont comparaître en correctionnelle pour répondre de ces inculpations. Le tarif normal est de 4 à 5 mois de prison. Nous sommes prêts à répondre de nos actes et de nos paroles. D’autres sont prêts à témoigner de la brutalité des forces de l’ordre. De toute façon, nous transformerons une fois de plus, le procès en tribune politique. La justice tombera-t-elle dans son propre piège ? »

Publié par le Groupe Insoumission Totale (G.I.T.)

1ère année de publication :1973

C/o Martial Gardona – BP 608 RP 69221, Lyon Cedex 1.

Contact : Martial Gardona

Consultation : La Gryffe – CEDRATS


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