Zaâma d’banlieue

Posté: décembre 12th, 2011 | Auteur: | classé dans: 1980 (années), Consultation : CEDRATS, Quartiers | Mots-clés: | Commentaires fermés sur Zaâma d’banlieue

Zaâma d’banlieue

Mai 1981  Il y a un an, Kader a été assassiné par le gardien d’immeuble en bas de chez lui, dans une cité à Paris. Il y a cinq mois Lahouri a été tué à Marseille, cité des Flamands, par un flic. À chaque fois dans ces cités touchées, c’est la révolte folle, la rage et les jeunes de ces cités s’organisent après avoir été écorchés de près.

À Lyon, nous sommes nombreux à penser qu’il y a assez de raisons, même trop, pour que nous soyons révoltés. Collomb (maire de Lyon) a bien évidemment institué le seuil de tolérance dans de nombreux quartiers, depuis déjà très longtemps.

Dans les banlieues : à Villeurbanne, Charles Hernu (PS) a fait raser Olivier de Serre en relogeant de façon arbitraire et pas toujours convenable, les habitants délogés. D’autre part, c’est un des premiers à préconiser des milices anti-immigrés (…).

Nous voulons prendre en main directement la lutte qui nous concerne (la répression, les tabassages, délogements, expulsions…). Rechercher ensemble des moyens de lutte plus efficaces que ce qui est proposé par l’extrême gauche désabusée ou par les cathos lassés par la bonne cause. Pour nous réapproprier nos lieux de vie, de loisir pour que nos cités ne soient plus des cités de flics ou du PC. (…) D’autre part, autour d’un journal fait par ces mêmes jeunes (français, algériens, marocains, portugais, etc. (…).

Formons des groupes, des collectifs dans chaque cité, reprenons les centre sociaux, les MJC comme lieux enfin utiles servant à la population des quartiers? Pour qu’ils ne servent plus de quartier général àl’encadrement social (flicage). »

« Place du Pont : 200 policiers lâchés dans un quartier immigré un peucomme au bon vieux temps interpellent 554 personnes, fouillent 132 véhicules, appréhendent 54 personnes ; 20 parmi elles sont gardées à vue, une est arrêtée. Le lendemain, 2000 personnes, toutes aussi indignées les unes que les autres, mais oh combien faibles et dépourvues devant une telle opération. (…)

Dès maintenant, approprions-nous le droit de vivre ici, sans aucune condition. Déjà, 90% des expulsés vivent ici clandestinement, quitte à se faire pincer et coffrer pour trois ans. Les flics font figure de rigolos, et leur impuissance devant tous les mecs qui passent à travers leurs filets est évidente. Puisque l’Etat refuse de nous donner un statut juridique, il faut dès maintenant s’organiser, créer un réseau de planques pour les expulsés, ce qui nécessite alors une implication personnelle de tous les sympathisants.

Imaginons que les 2000 personnes qui manifestaient Place du Pont se sentent concernées ; 2000 expulsés… ».

C/o CEP, 44 rue St. Georges – 69005 Lyon.

1ère année de publication : 1981

Consultation : CEDRATS


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